
Aujourd’hui, on a le sentiment "d’une résurrection". Après une période d’abandon, comment peut-on basculer dans une modernité discrète sans renier l’esprit du passé ?
Les bases étaient solides, il fallait les révéler. La matière était présente, il fallait la travailler. Mettre en évidence le beau et passer sous silence ce qui l’était moins. Nous avons conçu une espèce de scénographie, un enchaînement des espaces et des divers niveaux. La hiérarchie des volumes a beaucoup joué. La résurrection vient de la clarification de l’ouverture, de cette grande clarté. La première fois que j’ai visité les lieux, j’étais complètement perdu. Notre souci a été de redonner une limpidité à l’ensemble. La touche de modernité est apportée par la surélévation de la toiture, la création d’attiques, une figure classique traitée de façon contemporaine. La fissure entre les bâtiments que les siècles séparent est une sorte de respiration. Le côté transition est très important dans toute cette réalisation. La maison du Dauphin avec son bouclier métallique est là pour réveiller l’ensemble. Cette lame de métal donne la note contemporaine, elle attire le premier coup d’œil, mais souligne, également, les moindres détails comme les joints creux.
Vous avez, en fait, transformé une citadelle en un univers ouvert sur plus de deux hectares de terrain. Ici, point de stéréotype, l’agencement des bureaux n’a rien à voir avec un quelconque standard ? L’aspect fonctionnel n’en souffre-t-il pas ?
Le standard, c’est la répétition. Ce qui est fabuleux au Département, c’est de passer d’un bureau à l’autre, ils sont tous de dimensions différentes. L’un a gardé une vieille porte, l’autre un morceau de cheminée. Les rangements sont en partie basse ou haute, verticaux ou horizontaux. C’est un univers très poétique, très vivant. C’est aussi l’intérêt du projet.